Comment monter une SASU étape par étape ?

La création d’une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle représente l’une des formes juridiques les plus prisées par les entrepreneurs français. Cette structure offre une flexibilité exceptionnelle tout en protégeant efficacement le patrimoine personnel de l’associé unique. Contrairement aux idées reçues, monter une SASU nécessite une préparation minutieuse et le respect de procédures strictement encadrées par le Code de commerce. Les démarches administratives, bien que dématérialisées depuis 2023, demeurent complexes et exigent une compréhension approfondie des enjeux juridiques et fiscaux. La réussite de votre projet entrepreneurial dépend largement de la qualité de cette phase constitutive , qui déterminera les conditions d’exercice de votre activité pour les années à venir.

Définition juridique et caractéristiques de la SASU selon le code de commerce

La SASU constitue la déclinaison unipersonnelle de la Société par Actions Simplifiée, régie par les articles L227-1 à L227-20 du Code de commerce. Cette forme juridique se distingue par sa capacité à allier la protection du patrimoine personnel caractéristique des sociétés de capitaux avec la souplesse de fonctionnement propre aux structures entrepreneuriales modernes. L’associé unique détient l’intégralité du capital social sous forme d’actions, lui conférant un contrôle absolu sur les décisions stratégiques de l’entreprise.

Le statut juridique de la SASU offre une liberté statutaire remarquable , permettant à l’associé unique d’organiser le fonctionnement de sa société selon ses besoins spécifiques. Cette flexibilité s’étend aux modalités de prise de décision, à l’organisation des pouvoirs de direction, et même aux conditions de cession des actions. Contrairement à d’autres formes sociales plus rigides, la SASU peut évoluer facilement vers une SAS classique dès l’entrée d’un second associé, sans formalités particulières de transformation.

La personnalité morale de la SASU s’acquiert dès son immatriculation au Registre National des Entreprises, lui conférant une existence juridique distincte de celle de son associé unique. Cette séparation patrimoniale constitue l’un des avantages majeurs de cette structure, limitant la responsabilité de l’entrepreneur aux seuls apports réalisés au capital social. En cas de difficultés financières, les créanciers ne peuvent donc poursuivre l’associé unique sur son patrimoine personnel, sauf exceptions légales strictement définies.

Conditions préalables et prérequis pour créer une SASU

Avant d’entamer les démarches constitutives, certaines conditions fondamentales doivent être réunies pour garantir la validité juridique de votre SASU. Ces prérequis concernent tant les aspects financiers que les qualifications personnelles de l’associé unique et du président désigné.

Capital social minimum et modalités de libération des apports

La législation française n’impose aucun montant minimum pour le capital social d’une SASU, autorisant théoriquement sa constitution avec un euro symbolique. Cependant, cette approche minimaliste peut nuire à la crédibilité de l’entreprise auprès des partenaires commerciaux et des établissements bancaires. Un capital social adapté à l’activité projetée renforce la confiance des tiers et facilite l’accès au financement externe.

Les apports peuvent revêtir différentes formes : apports en numéraire (sommes d’argent), apports en nature (biens meubles ou immeubles), ou apports en industrie (savoir-faire, compétences). Seuls les apports en numéraire et en nature contribuent à la formation du capital social, les apports en industrie n’étant pas pris en compte dans son calcul. La libération du capital social peut être échelonnée, avec obligation de verser au minimum 50% des apports en numéraire lors de la constitution, le solde devant être libéré dans les cinq années suivant l’immatriculation.

Statut du président de SASU et conditions de nomination

La SASU doit obligatoirement désigner un président, personne physique ou morale, chargé de la représenter légalement dans ses relations avec les tiers. Cette nomination peut intervenir soit directement dans les statuts constitutifs, soit par acte séparé postérieurement à leur signature. Le président assume la responsabilité civile et pénale de ses actes de gestion, tout en bénéficiant d’une présomption de pouvoir pour les actes entrant dans l’objet social.

L’associé unique peut se désigner lui-même comme président ou confier cette fonction à un tiers. Cette flexibilité permet d’adapter la structure dirigeante aux compétences disponibles et aux objectifs stratégiques de l’entreprise. Le président bénéficie du statut d’assimilé salarié lorsqu’il perçoit une rémunération, lui ouvrant droit à la protection sociale du régime général, mais l’excluant de l’assurance chômage.

Objet social et activités réglementées incompatibles

L’objet social délimite le champ d’activité de votre SASU et conditionne les pouvoirs du président dans ses relations avec les tiers. Cette définition doit être suffisamment précise pour éviter toute ambiguïté, tout en conservant une certaine largeur permettant l’évolution future de l’activité. Un objet social trop restrictif peut contraindre le développement de l’entreprise, nécessitant des modifications statutaires coûteuses.

Certaines activités demeurent incompatibles avec la forme SASU, notamment dans les secteurs réglementés comme la santé, le droit, ou l’expertise comptable. Ces professions libéales doivent recourir à des formes juridiques spécifiques (SELASU, SELARL) respectant leurs obligations déontologiques particulières. De même, les activités d’assurance ou de débit de tabac nécessitent des structures juridiques adaptées à leur réglementation sectorielle.

Domiciliation d’entreprise et justificatifs requis

Le siège social constitue l’adresse administrative et juridique de votre SASU, déterminant sa nationalité et les juridictions compétentes en cas de litige. Plusieurs options s’offrent à vous : domiciliation au domicile personnel du président, dans un local commercial dédié, chez un domiciliataire professionnel, ou dans un espace de coworking. Chaque solution présente des avantages spécifiques en termes de coût, d’image et de flexibilité.

Les justificatifs requis varient selon le mode de domiciliation choisi : bail commercial ou contrat de domiciliation pour un local professionnel, attestation d’hébergement et justificatif de propriété pour une domiciliation personnelle. Ces documents doivent impérativement être joints au dossier d’immatriculation pour valider l’existence effective du siège social déclaré.

Rédaction des statuts constitutifs de la SASU

Les statuts constituent l’acte fondateur de votre SASU, définissant ses règles de fonctionnement et d’organisation interne. Cette étape cruciale nécessite une attention particulière, car les dispositions statutaires s’appliquent pendant toute la durée de vie de la société. Une rédaction imprécise ou incomplète peut générer des difficultés majeures lors du développement de votre activité.

Clauses obligatoires selon l’article L227-1 du code de commerce

La législation impose l’insertion de mentions obligatoires dans les statuts de SASU, garantissant la sécurité juridique des tiers. Ces clauses concernent l’identité de l’associé unique, la dénomination sociale, la forme juridique, l’adresse du siège social, l’objet social, la durée de la société (limitée à 99 ans maximum), et le montant du capital social. L’omission de l’une de ces mentions peut entraîner la nullité des statuts et compromettre l’immatriculation de votre société.

Les statuts doivent également préciser les modalités de fonctionnement spécifiques à votre SASU : nombre et valeur des actions, conditions d’exercice du droit de vote, règles de répartition des bénéfices, et modalités de dissolution. Cette personnalisation statutaire constitue l’un des principaux atouts de la SASU , permettant d’adapter précisément le fonctionnement de la société aux besoins de votre projet entrepreneurial.

Répartition des pouvoirs entre associé unique et président

L’organisation des pouvoirs dans une SASU repose sur une séparation claire entre les prérogatives de l’associé unique et celles du président. L’associé unique conserve les décisions stratégiques majeures : modification des statuts, augmentation ou réduction de capital, transformation de la société, dissolution anticipée. Ces décisions sont consignées dans un registre spécial, remplaçant les procès-verbaux d’assemblée générale des sociétés pluripersonnelles.

Le président dispose des pouvoirs de gestion courante et de représentation de la société vis-à-vis des tiers. Ses prérogatives s’étendent à tous les actes entrant dans l’objet social, avec possibilité de délégation partielle à des directeurs généraux ou directeurs généraux délégués. Cette répartition flexible permet d’adapter l’organisation dirigeante à l’évolution de l’entreprise et aux compétences disponibles.

Modalités de cession d’actions et clauses d’agrément

Bien que la SASU ne compte qu’un seul associé lors de sa création, anticiper les modalités de cession d’actions s’avère essentiel en prévision d’une croissance future. Les statuts peuvent prévoir des clauses d’agrément, donnant à l’associé unique un droit de regard sur l’identité des futurs actionnaires. Ces dispositions protègent l’esprit entrepreneurial initial tout en facilitant l’ouverture du capital à des investisseurs sélectionnés.

Des clauses de préemption peuvent également être instituées, accordant à l’associé unique un droit prioritaire d’acquisition en cas de cession envisagée par de futurs actionnaires. Cette protection statutaire préserve le contrôle de l’entreprise tout en permettant une évolution structurée vers une SAS classique lorsque les circonstances l’exigent.

Dispositions relatives aux assemblées générales et prises de décision

Les statuts doivent organiser les modalités de consultation de l’associé unique, substituant aux assemblées générales classiques un système de décisions unilatérales. Ce mécanisme simplifié accélère considérablement les processus décisionnels tout en maintenant une traçabilité complète des choix stratégiques. Le registre des décisions de l’associé unique remplace les procès-verbaux d’assemblée, constituant une preuve opposable aux tiers.

En prévision de l’entrée de futurs associés, les statuts peuvent d’ores et déjà définir les règles de fonctionnement des assemblées générales : conditions de convocation, quorum requis, majorités nécessaires pour chaque type de décision. Cette anticipation évite des modifications statutaires ultérieures coûteuses et facilite la transition vers une structure pluripersonnelle.

Démarches administratives d’immatriculation au RNE

L’immatriculation de votre SASU au Registre National des Entreprises constitue l’étape finale lui conférant la personnalité juridique. Cette procédure entièrement dématérialisée depuis 2023 s’effectue via le guichet unique de l’INPI, centralisant l’ensemble des formalités auprès des différents organismes compétents.

Constitution du dossier M0 via le guichet unique

Le formulaire de déclaration de création remplace désormais l’ancien formulaire M0, simplifiant les démarches tout en maintenant un niveau d’exigence élevé. Ce document synthétise toutes les caractéristiques de votre SASU : identification de l’associé unique et du président, description de l’activité, options fiscales et sociales retenues. La précision des informations fournies conditionne la rapidité de traitement de votre dossier par les services compétents.

Le guichet unique permet également de déclarer simultanément l’existence de votre SASU auprès de l’ensemble des organismes concernés : INSEE pour l’attribution des numéros SIREN et SIRET, services fiscaux pour les options d’imposition, organismes sociaux pour l’affiliation du président. Cette centralisation réduit considérablement les délais de création tout en évitant les démarches redondantes auprès de multiples interlocuteurs.

Publication de l’avis de constitution dans un JAL habilité

La publicité légale demeure une obligation incontournable, informant les tiers de la création de votre SASU. Cette annonce doit paraître dans un Journal d’Annonces Légales habilité dans le département du siège social, ou sur un Service de Presse En Ligne agréé. Le contenu de l’annonce obéit à des règles précises : dénomination sociale, forme juridique, montant du capital, siège social, objet social, durée, identité du président, greffe d’immatriculation.

Le coût de cette publication varie selon les supports et les départements, oscillant généralement entre 138 et 165 euros HT. L’attestation de parution constitue une pièce obligatoire du dossier d’immatriculation, justifiant l’accomplissement de cette formalité de publicité. Cette démarche peut être réalisée en amont de la finalisation des autres documents, accélérant ainsi le processus global de création.

Dépôt des fonds de capital social chez un dépositaire agréé

Les apports en numéraire doivent être déposés sur un compte bloqué ouvert au nom de la SASU en formation, auprès d’une banque, d’un notaire, ou de la Caisse des Dépôts et Consignations. Cette procédure garantit l’effectivité des apports déclarés et protège les fonds jusqu’à l’immatriculation définitive de la société. Le dépositaire remet une attestation de dépôt, document indispensable à l’instruction du dossier d’immatriculation.

Le déblocage des fonds intervient automatiquement dès l’obtention de l’extrait Kbis, permettant à la SASU nouvellement créée de disposer immédiatement de ses capitaux propres. Cette procédure sécurisée rassure les tiers sur la réalité des apports tout en préservant les intérêts de l’associé unique en cas d’échec de l’immatriculation.

Déclaration des bénéficiaires effectifs selon la directive UBO

La directive européenne sur les bénéficiaires effectifs impose depuis 2017 la déclaration de toute personne physique détenant directement ou indirectement plus de 25% du capital ou des droits de vote d’une société. Dans le cadre d’une SASU, l’associé unique constitue naturellement le bénéficiaire effectif principal, devant être déclaré via le formulaire M’BE lors de l’immatriculation. Cette formalité vise à renforcer la transparence des structures sociétaires et la lutte contre le blanchiment d’argent.

Le registre des bénéficiaires effectifs, tenu par le greffe du tribunal de commerce, centralise ces informations sensibles tout en garantissant un accès restreint aux autorités compétentes. Cette déclaration engage la responsabilité de l’associé unique qui doit signaler tout changement dans la structure de contrôle de la société. L’omission ou l’inexactitude de ces informations expose la SASU à des sanctions administratives pouvant atteindre 7 500 euros d’amende.

La mise à jour annuelle de ces données s’effectue automatiquement pour les SASU dont la structure de contrôle demeure inchangée. Cependant, toute évolution significative (cession d’actions, modification des droits de vote, changement de bénéficiaire effectif) doit être déclarée dans un délai de 30 jours. Cette obligation s’étend aux modifications indirectes résultant de restructurations au sein de groupes de sociétés ou de trusts contrôlant la SASU.

Formalités post-création et mise en conformité fiscale

L’obtention de l’extrait Kbis ne marque pas la fin des obligations administratives mais inaugure une nouvelle phase de conformité réglementaire. Les premières semaines suivant l’immatriculation sont cruciales pour mettre en place l’ensemble des dispositifs permettant un fonctionnement optimal de votre SASU. Ces démarches conditionnent largement la pérennité de votre structure et son développement futur.

La souscription d’une assurance responsabilité civile professionnelle constitue souvent une obligation légale selon votre secteur d’activité. Cette protection couvre les dommages causés aux tiers dans l’exercice de votre activité professionnelle, complétant la limitation de responsabilité offerte par la forme sociétaire. Les professions réglementées doivent également s’inscrire auprès de leurs ordres professionnels respectifs, condition sine qua non de l’exercice légal de leur activité.

L’ouverture d’un compte bancaire professionnel s’impose dès les premiers actes commerciaux, permettant de débloquer les fonds du capital social et de séparer clairement les flux personnels et professionnels. Cette séparation patrimoniale renforce la crédibilité de votre SASU auprès des partenaires tout en facilitant la tenue de la comptabilité. Le choix de l’établissement bancaire influence directement les conditions de financement et les services associés à votre compte professionnel.

La déclaration de commencement d’activité auprès de l’administration fiscale précise les options d’imposition retenues : impôt sur les sociétés de droit commun ou option temporaire pour l’impôt sur le revenu, régime de TVA applicable selon le chiffre d’affaires prévisionnel. Ces choix fiscaux, déterminants pour l’optimisation de votre charge fiscale, peuvent généralement être modifiés selon des modalités et délais spécifiques à chaque régime.

L’affiliation aux organismes sociaux du président rémunéré s’effectue automatiquement via le guichet unique, mais nécessite parfois des compléments d’information selon la nature de l’activité. La déclaration préalable à l’embauche devient obligatoire dès le premier recrutement, imposant un formalisme strict pour éviter les sanctions du contrôle URSSAF. Cette étape marque souvent une évolution majeure dans la gestion administrative de votre SASU.

Coûts de création et optimisation budgétaire

La maîtrise du budget de création constitue un enjeu stratégique majeur pour tout entrepreneur, conditionnant les ressources disponibles pour le développement initial de l’activité. Les coûts incompressibles d’une SASU oscillent généralement entre 200 et 1 500 euros, selon les choix effectués et le recours éventuel à des prestations externes spécialisées.

Les frais obligatoires incluent l’immatriculation au RNE (37,45 euros), la publication de l’annonce légale (138 à 165 euros HT selon les départements), et l’enregistrement des bénéficiaires effectifs (21,41 euros). Ces montants, fixés réglementairement, constituent la base incompressible du budget de création. S’ajoutent les éventuels frais de commissaire aux apports pour les apports en nature significatifs, dont le coût varie selon la complexité de l’évaluation requise.

La rédaction des statuts représente souvent le poste budgétaire le plus variable, selon que vous choisissiez l’auto-rédaction, un modèle en ligne, ou l’accompagnement d’un professionnel du droit. Les honoraires d’avocat oscillent entre 1 000 et 3 000 euros pour des statuts sur-mesure, tandis que les plateformes juridiques en ligne proposent des prestations complètes dès 300 euros. Cette économie apparente peut se révéler coûteuse si les statuts s’avèrent inadaptés aux spécificités de votre projet.

L’optimisation budgétaire passe par une analyse rigoureuse du rapport coût-valeur ajoutée de chaque prestation. La domiciliation commerciale, facturée entre 20 et 100 euros mensuels, peut s’avérer plus économique qu’un local professionnel tout en améliorant l’image de votre entreprise. De même, l’externalisation de la comptabilité vers un expert-comptable en ligne réduit significativement les coûts par rapport aux cabinets traditionnels, tout en garantissant une expertise professionnelle.

Les aides à la création d’entreprise permettent d’alléger substantiellement le coût global de votre projet. L’ACRE offre une exonération partielle des cotisations sociales pendant douze mois, représentant une économie potentielle de plusieurs milliers d’euros. Les dispositifs régionaux et sectoriels complètent cette palette d’aides, nécessitant une veille active pour identifier les opportunités correspondant à votre profil entrepreneurial.

La planification financière doit intégrer les coûts de fonctionnement post-création : tenue de comptabilité, assurances professionnelles, frais bancaires, renouvellement des formalités administratives. Ces charges récurrentes, souvent sous-estimées, influencent directement la rentabilité de votre SASU et méritent une attention particulière lors de l’élaboration de votre business plan initial.

Plan du site